Mon expérience au SMASH 2020 

Bonjour tout le monde,

J’ai participé récemment  au sommet SMASH2020 1 en ma qualité de bénévole auprès de MAX et également  en tant qu’étudiant à la maîtrise en criminologie. Au cours de ce sommet, j’ai présenté  la recherche que j’ai effectuée sur le racisme sexuel et l’exclusion dans le cyberespace de rencontre gai.

Je dois dire que j’ai surtout beaucoup appris à l’occasion de ce sommet. J’ai pu mesurer l’apport des  différents membres du monde communautaire et académique qui œuvrent pour la santé des hommes intéressés par d’autres hommes (appelés aussi HARSAH. La présentation de leurs travaux qui, souvent,  sont en croisement avec leur identité personnelle et/ou leurs expériences de vie a été très instructive à plus d’un titre.

Ainsi, j’ai pu, par exemple, réaliser que, comme cela a été exprimé :  « ça prenait tout un village » 2 afin de  pouvoir accompagner les personnes dépendantes au crystal meth pour la recherche de solutions et de ressources. À partir de leurs expériences personnelles, les présentateurs ont témoigné de l’importance de l’individualisation des solutions et de la déconstruction des discours fatalistes autour de la complexité de la consommation. Ils ont mis l’accent sur un certain nombre d’impératifs : la nécessité d’humaniser les soins médicaux, de substituer la compassion à la diabolisation dans les campagnes de sensibilisation, la mise  en en place de centres d’accompagnement qui ne pathologisent pas la toxicomanie servant ainsi d’espaces inclusifs et sécures pour que les personnes concernées se retrouvent entre elles.

D’autres présentations qui ont porté sur la réalité des personnes trans, des personnes bisexuelles et des personnes non binaires ont souligné l’importance de la déconstruction des stéréotypes et des idées préconçues qui caractérisent  la communauté allosexuelle et/ou celle des personnes cis. En prenant pour appui leur propre vécu ou leurs travaux, les panélistes ont identifié les différentes barrières à l’accès des hommes trans et des personnes non binaires aux services de santé. On peut, à titre indicatif, évoquer l’hétéronormativité des soins de santé apportés aux personnes en transition  et la difficulté d’accéder à une transition médicale. Autant d’enjeux qui altèrent considérablement la qualité de vie des personnes concernées et auxquels s’ajoutent d’autres comme l’obligation d’assumer que la transition n’est que médicale, alors qu’elle est également sociale et légale. Il ressort que, dans tous les cas, il s’agit d’expériences complexes, entre autres à cause du cisexisme et de la cisnormativité, et  qui impactent négativement la qualité de vie. Il faut donc prendre conscience que les obstacles de l’accès aux soins des personnes non binaires sont plus spécifiques, que le score de détresse psychologique varie en fonction du stade de transition et que l’accès à une transition médicale en fonction de l’orientation sexuelle demeure très peu étudié. 

Le sommet s’est caractérisé par la diversité des présentations, notamment celles  effectuées par MAX et relatives aux besoins en santé mentale à l’ère de la prévention combinée, à l’accès universel à la PrEP et au langage inclusif quand il s’agit de discuter de bien-être et de plaisir sexuel. D’autres présentations m’ont particulièrement marqué, notamment celles portant sur la réalité de la prévention du suicide chez les personnes LGBTQ2S+ et celles sur le self-care (concept que j’ai décidé d’inclure avec rigueur dans ma vie quotidienne). Ces deux présentations se rejoignent pour affirmer trois nécessités :  prendre soin de soi, être attentif à l’autre, offrir et combiner plusieurs stratégies/ressources diversifiées pour prévenir le burn-out et le suicide et ce, dès le plus jeune âge. Elles ont également affirmé l’importance de la solidarité car comme l’a joliment écrit Paul Éluard :

« Nous avons inventé autrui,

Comme autrui nous a inventé,

Nous avions besoin l’un de l’autre. » 3 <sup>3</sup>

Pour conclure, je tiens à remercier RÉZO pour l’excellente organisation du sommet dans lequel nous avons eu la chance, avec MAX, de présenter l’ensemble du travail de terrain accompli, chaque jour, dans la région de la capitale nationale en faveur de la santé des gars qui aiment les gars. Je tiens également à remercier les panélistes que je n’ai pas pu citer dans ce court blog post et qui m’ont, cependant, permis de sortir avec plus de connaissances et d’outils d’action. 

1 Sommet Montréalais d’Action pour la Santé des Hommes ayant des relations sexuelles ou amoureuses avec d’autres hommes.

2 Extrait de la présentation intitulée : « Ca prend un village : récits de rétablissement au crystal meth

3 Dans Préface et chronologie (ed. 1968).